Were you today years old quand vous avez appris ce qu’est un mème ?

Si vous avez parcouru les méandres du Web cette dernière décennie, il y a d’énormes chances que vous ayez croisé le chemin d’un mème, peut-être sans le savoir ou sans en connaître le nom. Les mèmes sont un phénomène Internet dont la popularité n’a fait que croître au fil des années, avec une inventivité elle aussi de plus en plus grande. Le principe du mème (qui vient du grec « mimesis », soit « imitation ») consiste à reprendre un élément en masse et à le décliner en l’adaptant, ce qui permet ainsi de jouer sur la répétition et de créer un schéma de reconnaissance. Cet élément peut être une image (dessin ou photo), un mot ou une phrase, un GIF, un son ou une chanson, une vidéo, ou encore un mélange de ce qui précède. Un exemple populaire au début des années 2010 était « Bad Luck Brian », qui se composait d’un portrait peu flatteur d’un jeune homme agrémenté d’une légende décrivant un événement triste ou embarrassant, que les internautes pouvaient modifier à leur guise en restant dans le thème. Nous allons ici principalement nous intéresser aux mèmes contenant du texte, bien sûr. Comment influencent-ils le langage et le font-ils évoluer ? Le Web est-il la source d’une nouvelle manière de s’exprimer ?

L’algorithme est roi

N’en déplaise aux puristes, Internet est désormais devenu l’endroit où la langue se développe et où de nouvelles habitudes se créent, loin des milieux académiques. Les algorithmes de certains réseaux sociaux poussent d’ailleurs les utilisatrices et utilisateurs qui y publient à modifier l’orthographe de certains mots jugés tabous ou grossiers en remplaçant des lettres par des chiffres ou des caractères spéciaux, ce afin que leur contenu ne soit pas démonétisé ou supprimé. Le mot « sexe » devient alors « s3ggs » et « suicide » se transforme en « su*c*de », par exemple. Cette forme d’autocensure pourrait paraître aléatoire (qui décide du caractère interdit des mots et sur quels critères ?), mais elle profite au final à tout le monde, puisque le réseau ne sait pas que ses règles ont été contournées, et les créatrices ou créateurs de contenu reçoivent tout de même leur argent. Car si les phénomènes Internet servent avant tout au divertissement, ils peuvent également se révéler lucratifs. Les marques n’hésitent pas à capitaliser sur les mèmes en les utilisant pour leurs publicités diffusées sur le Web afin de se donner une image cool et au courant des dernières tendances, tout comme les partis politiques ou autres instances essayant de s’attirer la sympathie du public. Objets inventifs et humoristiques dans leur usage premier, les mèmes peuvent ainsi devenir des vecteurs marketing.

Memes

Anglais ou français, pas besoin de choisir !

Souvent basés sur des œuvres américaines ou issus de sites Internet de ce pays, les mèmes sont des créations majoritairement anglophones à l’origine, qui, lorsqu’elles atteignent les sphères de la langue de Molière, peuvent être reprises telles quelles, être traduites ou connaître une forme hybride de « franglais ». Dans la plupart des cas, lorsque les mèmes sont traduits, ils le sont de manière littérale et pas forcément idiomatique. Cependant, la grande fréquence à laquelle on les rencontre et le buzz qui les entoure font que leur tournure peu ordinaire devient progressivement une sorte d’expression usitée et acceptée. On pense notamment au mème « Me when… » ou « My face when… » qui a été repris en français par « Moi quand… » ou « Ma tête quand… ». Mais une des formes de reproduction les plus intéressantes est ce mélange de français et d’anglais que l’on retrouve abondamment sur les réseaux comme Twitter. Cela donne des publications amusantes telle celle présentant le titre « Départ en vacances be like » suivi d’une photo d’un homme immense (représentant les bagages) et d’une femme menue (représentant la voiture).

Source : https://twog.fr/top-17-des-tweets-sur-les-vacances-cest-le-debut-des-grandes/

 

 

Les mèmes sont-ils le nouvel argot ?

L’usage très fréquent du syntagme « be like » dans les mèmes francophones, provenant de leurs pendants anglophones, n’est pas anodin. En effet, en choisissant d’écrire ce dernier dans la langue de Shakespeare, les autrices et auteurs de tweets confèrent à leur propos la dimension argotique que comporte la tournure anglaise. On peut également noter la structure « I was today years old quand j’ai appris que… ». Là encore, l’expression anglaise n’est pas canonique et est née sur le Web pour exprimer son étonnement face à une information que l’on a connue sur le tard.

Memes
Source : https://twitter.com/CoralineAE/status/1616449070884868096

Le fait que les internautes francophones aient choisi de laisser intacts ces syntagmes « intraduisibles » et originaux est intriguant. Ils montrent une volonté de s’approprier les codes des communautés en ligne anglophones mais sans pour autant créer un canevas 100 % adapté à leur propre langue, puisqu’ils n’inventent pas d’équivalents en argot français. Est-ce par paresse ou cela dénote-t-il une envie de jouer avec les langues, de se placer comme un individu maîtrisant les pratiques d’une autre collectivité ? Il est difficile de répondre à cette question de manière définitive, toutefois, nous pouvons affirmer que les frontières des langages sont poreuses et qu’Internet, en rapprochant les gens, participe au développement d’un melting-pot culturel et linguistique. Et s’il était tentant de critiquer l’hégémonie de l’anglais, force est de constater que l’influence s’effectue dans les deux sens, puisque, dans certains mèmes anglophones, on trouve des tournures employant le déterminant « le » (« le me », « le dog », « le dad ») pour signifier la dimension prétentieuse de l’objet ou de la personne. À méditer…

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