Toutefois, ce vocabulaire ne se cantonne pas uniquement aux limites de l’application. Il infuse de plus en plus notre quotidien, ce qui peut être source de confusion pour les non-initié·e·s. En effet, une des dernières tendances nées de TikTok consiste à rétorquer « quoicoubeh » lorsque son interlocuteur ou interlocutrice termine sa phrase avec « quoi » ou à placer « apayinye » (ou « apanyae » ) lorsque l’on entend le mot « hein ». Nous ne sommes donc pas si éloignés des « quoi - feur » et « non - bril » qui régnaient en maîtres dans la cour de récréation de mon enfance. Simplement, le jeu se joue désormais à plus grande échelle, ère de la connectivité oblige ! Mais le plaisir de s’amuser du décontenancement des profs ou parents reste le même.
Grâce aux réseaux sociaux, les jeunes d’aujourd’hui peuvent donc communiquer entre eux dans le monde entier, et cela se répercute sur la construction de leur langage. Il est en effet intéressant de constater que ce dernier n’est plus influencé seulement par l’anglais, mais s’orne également d’expressions arabes, comme « Cheh » qui signifie « bien fait pour toi », ou tirées de l’argot ivoirien, telles que « go » ou « gow » (qui désigne une jeune fille ou une petite amie) ou « brouteur » (qui fait référence à un arnaqueur sur Internet). Ces deux mots ont d’ailleurs intégré l’édition 2023 du Petit Robert, démontrant à quel point la jeune génération et sa manière de parler participent de manière reconnue et importante à l’évolution du français.
Car les jeunes ne délaissent bien sûr pas totalement la langue française pour autant ! Ils la manient au contraire avec inventivité pour se l’approprier et bâtir autour d’elle un sens de la communauté. Le résultat : l’apparition d’expressions comme « Askip » (contraction de « à ce qu’il paraît ») ou « Y’a R » (à comprendre « il n’y a rien »). Une des caractéristiques du langage des adolescent·e·s consiste également à accorder un nouveau sens à certains termes déjà connus, comme la « PLS ». Cet acronyme qui désigne à la base la position latérale de sécurité à appliquer aux personnes blessées est aujourd’hui devenu un synonyme pour le fait de se sentir mal en général. On l’aura compris, la langue est un grand terrain de jeu en constante mutation, dont le dynamisme est assuré notamment par la créativité des plus jeunes. Si vous avez peur de passer pour un·e boloss et d’avoir le seum, rassurez-vous : il existe des ressources (comme celle-ci) pour vous tenir au courant !
Amandine Gachnang
Apostroph Switzerland
Amandine Gachnang nourrit une passion pour la traduction et la relecture. Son métier : la langue française. Elle traduit les textes et leur donne la petite touche finale pour les rendre plus agréables à lire. Mais elle aime également se charger elle-même de la rédaction.
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