Parler « le suisse » : les helvétismes face au français standard

Imaginez : vous êtes un voyageur temporel suisse qui décide de se rendre à Paris, en 1699. Histoire d’être certain d’y être bien arrivé, vous demandez la date à un passant dans la rue, qui vous répond : « Nous sommes en seize-cent-quatre-vingt-dix-neuf, voyons ! » Et vous qui croyiez être remonté en mille-six-cent-nonante-neuf… Cela prête à confusion, non ?

Manger des cornettes mais essuyer avec une patte

La manière de dire les nombres n’est pas la seule différence distinguant les langues françaises pratiquées en Suisse et en France. Et pas besoin de voyager jusqu’au XVIIe siècle pour en faire l’expérience ! Nous pouvons en effet remarquer ces distinctions dans de nombreux termes de la vie quotidienne actuelle. Si l’apparition du mot « smartphone » dans le vocabulaire courant a quelque peu rééquilibré les choses, complimenter un Français sur son nouveau natel ne lui évoquera rien, tandis que demander à un Suisse de vous prêter son portable causera une hésitation entre le téléphone et l’ordinateur. Le domaine ménager comprend également de nombreuses différences linguistiques: la panosse se réfère en Suisse à la serpillère, on utilisera une patte et non un chiffon pour nettoyer la table, et un Helvète ne se sèchera pas avec une serviette de bain mais avec un linge, pour ne citer que quelques exemples. Phénomène intéressant, on peut observer que certaines marques se sont imposées pour désigner des objets usuels, mais sans s’accorder entre France et Suisse. Ainsi, le papier ménage est appelé « papier Tela » dans nos contrées, mais « sopalin » chez nos voisins.  

Qui parle le « meilleur » français ?

Si semblables, et pourtant si différents : relever les particularités helvétiques est aussi intéressant qu’amusant, mais peut également fâcher si l’on commence à vouloir mettre en compétition ces « deux français » pour déterminer lequel est le « meilleur » ou le « plus juste ». Le site swissinfo.ch fait un constat éclairant concernant un autre objet de discorde: le nom des repas. En Belgique, en Suisse et au Québec, on parle de déjeuner, de dîner et de souper. La France vient semer le trouble en parlant, elle, de petit-déjeuner, de déjeuner et de dîner. Mais ce ne fut pas toujours le cas, car jusqu’au début du XIXe siècle, les termes étaient les mêmes partout. La raison de cette démarcation trouve son origine, selon swissinfo.ch, dans le fait que les Parisiens ont commencé à manger de plus en plus tard, provoquant un décalage dans les repas et l’apparition d’un nouveau nom de collation, le petit-déjeuner, qui ne s’est imposé qu’en France mais que les dictionnaires considèrent pourtant comme la norme, le déjeuner utilisé au sens de premier repas du matin étant perçu comme archaïque. Cette appréciation n’est finalement qu’une question de point de vue, et aucun pays francophone ne devrait être en position de juger ce qui est archaïque ou usuel par rapport aux autres pays. Au contraire, célébrons la richesse des régionalismes !

Il n’y a pas qu’un seul français suisse romand

Nous le savons tous : la Suisse est polyglotte. De la même manière, dans les cantons romands, on ne parle pas qu’un seul français. L’accent est certes différent, mais le vocabulaire également. Si un Valaisan déclare à un Vaudois qu’« avec la pluie, ses chaussures sont toutes blèques », il se retrouvera face à deux yeux ronds d’incompréhension. Heureusement, son interlocuteur pourra recourir au Dictionnaire suisse romand d’André Thibault et Pierre Knecht afin de tout savoir sur les helvétismes ! Et si vous désirez connaître de quel endroit vient votre propre dialecte, rendez-vous sur parlometre.ch pour un test linguistique ludique ! 

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