Une langue exotique à Soleure
À Soleure, le 13 janvier, l’ambiance est féérique. Comme un plaisantin a un jour prétendu que Soleure serait située exactement à l’opposé d’Hawaï sur le globe terrestre, la ville est renommée Honolulu durant le Carnaval et son syndic se voit congédié. Les cinq semaines de festivités débutent le jeudi de Carnaval avec la Chesslete, un bruyant cortège très matinal aux flambeaux. Après la combustion du Böögg (bonhomme hiver) le soir du mercredi des Cendres, c’en est fini d’Honolulu, des Monsterguggete (Guggenmusik de monstres) et autres folies.
Le Carnaval romand n’est pas en reste
Pour terminer, intéressons-nous aux coutumes de Carnaval de notre côté de la barrière de rösti. Chez nous aussi, c’est une fête importante qui est célébrée de différentes manières selon les régions. Voici deux de ces coutumes :
À Fribourg, on fête le Carnaval des Bolzes. Ce terme désigne les habitants de la Basse-Ville de Fribourg ou les personnes qui parlent le dialecte de ce quartier, mélange entre le français et le suisse-allemand. Cette tradition remonte au Moyen-Âge. À l’époque, les festivités débutaient le jour de l’Épiphanie et duraient jusqu’au début du Carême. De nos jours, elles commencent le vendredi qui précède le mardi gras et s’étendent jusqu’au soir de ce dernier.
La première journée, le syndic lance les réjouissances en confiant les clés de la ville au président du Carnaval. Les principaux temps forts de cette fête sont le grand cortège du dimanche, composé de nombreux chars, suivi de la mise à mort du Rababou, grand bonhomme hiver en paille accusé de tous les maux, et dont le nom patois signifie « voleur de bois ».
À Payerne, Moudon et Yverdon, trois villes du Nord vaudois, ce sont les Brandons qui sont célébrés. Leur appellation, utilisée uniquement dans le canton de Vaud, vient de l’allemand Brand (tison) et remonte également à l’époque médiévale. Au fil des siècles, les Brandons ont maintes fois failli disparaître, réprimés au nom de la morale religieuse et de l’ordre public. Mais heureusement, leurs lettres de noblesse leur ont été rendues depuis les années 1970. Ils consistent en trois jours de fête avec cortège, journal satirique et mise à mort du bonhomme hiver. Les personnages principaux des Brandons de Payerne sont les Tumulus, des personnages enjoués et encagoulés avec des chapeaux pointus. Ici, tout comme à Moudon, les vitrines sont ornées d’inscriptions pendant la durée de la fête. À Yverdon, les sportifs sont à l’honneur : une course à pied y est organisée. Tout un programme carnavalesque !