Sept étapes vers un guide du langage inclusif pour votre entreprise

L’usage de la langue n’est pas gravé dans le marbre. Il évolue en fonction des mutations que connaissent les réalités sociales, des changements de mentalité de l’époque. Aujourd’hui, cette évolution se reflète ainsi dans l’aptitude du langage à intégrer les différentes identités de genre, une tendance qui se renforce. En effet, la règle voulant que le masculin prime le féminin pose de plus en plus de problèmes d’identification : avec cette omniprésence de la forme masculine, les femmes ne se sentent ni inclues, ni acceptées, ni représentées, ni comprises. Afin d’y pallier, au cours des dernières années, certaines agences de presse, maisons d’édition, institutions ou associations ont adopté des lignes directrices réglementant l’utilisation d’un langage non sexiste. Les entreprises elles aussi ont tout intérêt à se pencher sérieusement sur cette question. Les sept étapes que nous vous proposons ici servent de base pour l’élaboration de votre guide du langage inclusif.  

Tips d'Apostrophe sur le genre

Vous tenez à ce que le langage appliqué dans votre entreprise soit soigné et adapté à la réalité quotidienne. Le style doit être élégant et fluide, les mots choisis avec précision, le sens compréhensible. Il est toutefois aussi préférable que le langage adopté soit en accord avec la vision du monde dominant son époque. Lorsque l’on souhaite par ailleurs suivre les règles du langage inclusif, il peut devenir compliqué de respecter toutes les consignes. Il existe cependant des solutions relativement simples à mettre en œuvre. Le plus important pour vous est de signifier clairement que vous n’excluez aucun groupe cible. Vous pouvez faire passer ce message antidiscriminatoire en développant et en ayant recours à un langage d’entreprise dans l’air du temps et non sexiste, qui vous permettra de vous distinguer de la concurrence. Afin de procéder de manière méthodique, nous vous avons préparé une liste de sept étapes à suivre :

1. Formez une équipe diversifiée 

L’équipe chargée de rédiger le guide doit être diversifiée au niveau

  • de l’âge ;
  • du sexe ;
  • du secteur de l’entreprise et
  • du grade hiérarchique.

Les personnes qui composent cette équipe doivent faire office de représentant·e·s de vos groupes d’intérêts principaux, c’est-à-dire la clientèle, le personnel et autres parties prenantes. Pour préparer et mener la réunion de lancement, choisissez une personne à qui votre langage et communication d’entreprise sont familiers. En fonction de la taille de votre entreprise, l’équipe peut compter de quatre à huit personnes.

2. Organisez un lancement qui suscitera l’engouement

Exemples de genre

3. Abordez le projet avec sérénité 

La réalité des cas n’est malheureusement pas toujours aussi simple qu’au point 2. Malgré tout, prenez les choses sereinement. N’essayez pas de transformer entièrement votre langage d’entreprise en une fois pour le rendre non sexiste. Vous ne pourrez pas atteindre la perfection de sitôt, et ce n’est d’ailleurs pas l’objectif : le projet n’en est qu’à ses balbutiements, et le fait que vous l’ayez lancé est déjà précieux et important en soi.

  • Il ne s’agit pas de développer une solution à long terme dénuée de tout défaut. Votre but doit être de faire passer un message à vos groupes d’intérêts (parties prenantes) internes et externes par le biais de votre communication. Celle-ci doit montrer que vous avez su comprendre les préoccupations sociales de l’époque et que vous faites tout votre possible pour appliquer un langage inclusif.
  • Prenez conscience de la teneur réelle du projet : la voie royale vers un langage inclusif n’existe pas, et ce n’est pas à votre guide de la tracer. Laissez-vous inspirer par les mots de Montesquieu, qui furent repris par Voltaire : « Le mieux est le mortel ennemi du bien. » La recherche de la perfection, loin de vous aider, ne fera que nuire à votre objectif.
  • Suivez ce mantra : « Nous nous engageons à présent sur le chemin de l’élaboration d’un guide du langage inclusif. Tout comme notre langage d’entreprise dans son ensemble, celui-ci évoluera. Sa première version n’a pas besoin d’être idéale et définitive. »

4. N’oubliez pas le critère principal : l’identité de votre société 

Les critères que vous choisissez pour l’élaboration de votre guide doivent être adaptés à votre entreprise. Afin de prendre la bonne direction, appuyez-vous sur vos groupes cibles ainsi que sur l’identité et la culture de votre société. Les indications sur la manière d’appliquer le langage inclusif sont des notes, à vous de composer la mélodie qui convient le mieux à votre entreprise.

  • Votre identité et culture: qui êtes-vous et quelles valeurs votre entreprise défend-elle ?
    Définissez cinq points majeurs en tenant compte de votre charte, de votre mission, de l’histoire de la société, ainsi que de vos langage et identité d’entreprise
  • Votre marque
    Définissez trois attributs essentiels de votre marque et de vos produits ou services
  • Le profil de votre clientèle
    Définissez ses trois caractéristiques ou marques distinctives principales

5. Ne mettez pas tous les œufs dans un même panier 

Votre langage d’entreprise est-il identique dans toutes les situations ? Non. Vous devez l’adapter aux groupes cibles à qui vous vous adressez, aux types de texte que vous rédigez, ainsi qu’aux médias et plateformes de communication qui l’accueilleront. Un langage d’entreprise de qualité ne met pas tous les œufs dans un même panier. Il prend en considération les divers objectifs de communication régissant les différents médias. Cela s’applique également au langage inclusif.

  • Bien sûr, l’idée n’est pas d’élaborer un guide sur mesure pour chaque médium. Gardez à l’esprit que les règles du langage inclusif développées par vos soins doivent pouvoir s’appliquer à de nombreuses formes de communication. Mais ici encore, la recherche de la perfection ne mène à rien, mieux vaut se lancer et apprendre de ses erreurs.
  • Tenez compte de vos médias imprimés et numériques les plus importants, comme : la correspondance avec la clientèle, les modèles d’e-mail, les annonces téléphoniques, les vidéos d’entreprise, les rapports de gestion, les communications internes, les communiqués de presse, le journal/magazine destiné au personnel, les réseaux sociaux, l’Intranet, les médias publicitaires, etc. Définissez vos règles minimales selon chaque médium (voir ci-dessous l’encadré « Rôles stéréotypés »).
  • Lors de la rédaction de la première version de votre guide, ne créez pas de carcan pour vos collaboratrices et collaborateurs : les règles du langage inclusif établies ne doivent pas être trop difficiles à mettre en pratique par la suite.
  • Déterminez dès le départ l’étendue de votre guide. Nous vous recommandons de ne pas dépasser deux pages et d’intégrer en plus des exemples concrets (avant le passage au langage inclusif / après le passage) tirés des publications de votre entreprise.

6. Réfléchissez aux variantes linguistiques en termes concrets 

Vous avez désormais posé le cadre de votre guide du langage inclusif. Formulez à présent vos règles tout en considérant ce qui suit :

  • La plupart des variantes linguistiques visant à inclure les différentes identités de genre présentent leurs avantages et leurs inconvénients. Certaines compromettent la fluidité de la langue, d’autres rendent sa version écrite peu lisible et ainsi peu compréhensible pour les personnes ayant de la peine à lire, d’autres encore rallongent considérablement le texte.
    Le trait d’union, le point médian et la barre oblique offrent une forme plus courte et condensée, tandis qu’opter pour l’emploi du terme épicène est certainement la solution la plus claire et lisible, qui allège le texte. Les possibilités sont multiples et les pratiques diffèrent selon les entreprises, à vous de décider quelle sera la vôtre.
  • Renoncez aux variantes qui ne peuvent être traduites.
    Ne perdez pas de temps à discuter des variantes qui ne correspondent pas à votre langage d’entreprise. Peut-être que ni le trait d’union, ni le point médian, ni la barre oblique ne sont applicables dans le cadre de votre identité, et qu’il vous faudra trouver une option du côté de la double désignation ou des termes épicènes.
  • Ne tentez pas de déceler la variante universelle et applicable en tout temps. Dans la pratique, ce sont les formes mixtes qui dominent, c’est-à-dire l’utilisation simultanée de plusieurs variantes, comme la double désignation (mention de la féminisation du terme tout en gardant les deux mots en entier, par exemple « les clientes et clients »), le terme épicène (terme neutre dont la forme ne varie pas, que l’on se réfère à un nom féminin ou masculin, comme « la clientèle ») ou encore le trait d’union, le point médian ou la barre oblique (« les client-e-s », « les client·e·s », « les collaborateurs/-trices ») .
    En ayant recours à plusieurs variantes, vous proposez un style d’écriture facilement lisible, flexible et élégant.

Variantes du genre

Tout guide du langage inclusif qui se respecte doit abolir les rôles stéréotypés !

Certes, vous ne pouvez pas régler tous les problèmes liés au langage non sexiste d’un seul coup. Cependant, il en existe un que vous devez éviter dans tous les cas : choisir une forme de langage qui entretient les clichés associés aux rôles stéréotypés. Peu importe votre langage d’entreprise existant ou la manière d’appliquer le langage inclusif que vous choisirez, ils seront entachés par cette image quelque peu rétrograde que les stéréotypes renvoient. Mais vous pouvez contourner ce piège. Par exemple, même si tous vos techniciens sont des hommes, il convient de parler d’« équipe technique », car cela montre aux femmes intéressées à postuler au département technique de votre entreprise qu’elles sont les bienvenues.

un must pour tout guide du genre

7. Intégrez le guide dans l’ensemble de votre entreprise

Tout comme votre logo, votre manière d’appliquer le langage inclusif contribue à façonner l’image et l’identité de votre société. Votre guide en la matière fait donc partie de votre langage d’entreprise.

  • Encouragez vos collègues à appliquer les règles du langage inclusif dans toutes leurs communications, qu’elles soient faites par écrit, en personne ou au téléphone. Mais ne vous formalisez pas en cas de non-respect de ce règlement, car adopter une nouvelle façon de s’exprimer prend du temps, aussi dans les entreprises.
  • Faites en sorte que l’utilisation du langage non sexiste soit accueillie avec enthousiasme, comprise et acceptée. Nous vous recommandons dans ce but de publier un article par an dans les médias internes.
  • Restez dans la course. Ainsi que l’a déclaré Alain Rey, l’un des créateurs du dictionnaire Le Robert : « Si la réalité sociale évolue, il faut changer le système de représentation qu’est la langue. » Et cette dernière prend justement la direction de la neutralité en matière de genre. C’est pourquoi certaines entreprises, comme Swiss et Lufthansa, ont repensé l’entièreté de leur communication pour la rendre non sexiste. Le fait même de s’adresser aux passagers/-ères au moyen du traditionnel « Mesdames et Messieurs » risque de passer à la trappe.
  • Votre guide fonctionne à la manière d’un logiciel informatique : il nécessite des mises à jour régulières et doit être inscrit au moins une fois par année à l’ordre du jour des réunions portant sur l’identité d’entreprise.

« Le guide de formulation non sexiste » édicté par la Chancellerie fédérale (https://www.bk.admin.ch/bk/fr/home/documentation/langues/aides-redaction-et-traduction/guide-de-formulation-non-sexiste.html) est une bonne base pour récapituler les différentes variantes possibles et étudier celles qui semblent les plus adaptées à votre entreprise. Par ailleurs, la page Internet dédiée au langage inclusif de l’Université de Fribourg (https://www.unifr.ch/uni/fr/organisation/acad/egalite/langage-inclusif.html) propose un index des termes. Celui-ci rassemble les formes féminine, masculine et contractée d’une liste de mots en usage à l’Université, qui illustre bien l’emploi correct du point médian.

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